Le projet « Les Hommes debout » (Abantu Bahagaze Bemye in Kinyarwanda et Upright Men en anglais) s’inscrit dans le cadre d’une longue réflexion du plasticien Bruce Clarke suite au génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda. Répondant à une volonté de trouver des formes artistiques permettant un travail de mémoire, Bruce Clarke a créé un visuel fort pour marquer les lieux de massacres et ancrer l’histoire de ce crime dans la conscience collective.
L'idée est simple et puissante : il s’agit de peindre des hommes, des femmes et des enfants, debout et dignes, sur l’extérieur des lieux de mémoire au Rwanda et ailleurs dans le monde. Les figures, plus grandes que nature – jusqu’à 7 mètres de hauteur, apparaissent aux passants telles des silhouettes, esquissées mais affirmées, témoins d’une histoire douloureuse et symboles de la dignité des êtres humains qui ont été confrontés à la déshumanisation qu’implique ce génocide. L’intention est de redonner une présence aux disparus et de restaurer l’individualité des victimes, de rendre leur dignité aux disparus, aux survivants ainsi qu'à l'ensemble des Rwandais. « Les Hommes debout » incarnent l’affirmation d’un peuple qui reste debout ; ils disent aux passants qu’ici ont vécu et péri, des femmes, des enfants et des hommes dignes que nous n’oublierons pas.
Au printemps 2014, 20 ans après le génocide des Tutsi, ces images emblématiques, étaient visibles aux quatre coins du monde en solidarité avec les survivants afin de lutter contre l'oubli d'un pan de l'histoire qui nous concerne tous. Le 7 avril 2014, des Hommes debout se sont dressés sur des lieux symboliques (la Place des Nations à Genève, la Route de l’esclave au Bénin, l'UNESCO à Paris etc.) grâce à des projections lumineuses et des reproductions numériques de très grand format.
Ce projet artistique et mémoriel comprend deux objectifs distincts et deux volets de réalisation. Le premier est de donner une image forte et belle au peuple rwandais afin de permettre un travail de reconstruction en affirmant que les rescapés restent debout et dignes malgré les épreuves. Pour ceci, il importe de favoriser l’implication active de la population qui devient ainsi actrice et porteuse du projet créatif. Ce projet d’art public mural devrait être réalisé, sous la direction de Bruce Clarke, et géré par le Collectif pour les Hommes debout en collaboration avec les associations de rescapés et les autorités rwandaises, sur des sites liés au génocide : des lieux de massacres tels les bâtiments publics, des écoles et des églises.
Le deuxième volet vise à donner une portée internationale au travail de mémoire nécessaire après un génocide, crime par définition visant l’humanité dans sa substance-même. La communauté internationale se doit de rendre hommage aux victimes, de saluer les rescapés et de se remémorer les implications occidentales dans les événements qui ont conduit au génocide au Rwanda. Le but est de faire connaître l’histoire du génocide et de sensibiliser le public aux événements de 1994 afin de créer un pont entre les survivants et le reste du monde. La force de cette œuvre artistique et mémorielle vient du fait qu’elle ait été reproduite dans de nombreux sites.
Entre 2013 et 2014, le Collectif pour les Hommes debout a lancé une campagne de sensibilisation "je suis debout/I'm standing upright" soutenue par le parrain de l'association, Gaël Faye ainsi que Sonia Rolland et Lilian Thuram. Plus de 1000 personnes, provenant d'une centaine de pays différents, y ont contribué en nous envoyant leur photo debout en solidarité avec les victimes du génocide. Vidéos ci-dessous.